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Je suis passée par là ... J'ai très mal vécu mes années lycée. Je me suis liée d'amitié avec la seule fille de ma classe que je connaissais. Mais elle était tout le temps de mauvaise humeur, elle se plaignait constamment et elle devenait amie avec les "dindes" (filles exécrables, qui se moquent et rabaissent les autres à tous bout de champ, qui se croient supérieures) de la classe . N'ayant pas d'autres amis dans la classe, je la suivais partout mais j'en pouvais plus. J'en avais assez d'elle, et j'en avais assez des gens qui m'entouraient : des gamins qui s'amusent à balancer une trousse dans les toilettes, qui se moque d'une personne parce qu'elle est moche ... C'était fatiguant.

À cette époque du lycée, j'avais un appareil, de l'acné, je n'avais pas les moyens d'avoir de jolis vêtements, de maquillage même si je volais celui de ma mère pour tenter de me rendre moins moche (ça ne faisait qu'empirer les choses). À 17 ans je n'avais jamais embrassé de garçon, ni même avoir eu un ami garçon.

Vu que je n'étais pas bien dans ma peau, j'étais renfermée, timide... Je n'avais pas beaucoup d'amis car je ne faisais aucune activité en dehors des cours ...
Un jour, j'étais dans la queue du self juste derrière les "dindes" et la fille qui me servait d'amie. Je les entendais rire. Elles riaient de moi. J'avais les larmes aux yeux, fatiguée de devoir les supporter quotidiennement, fatiguée d'entendre leurs rires moqueurs, leurs critiques, leurs jugements ... À ce moment même, j'avais envie que d'une chose, c'est que ça s'arrête. Soudain la pire des pensée m'a traversé l'esprit : "Ce soir je passe à l'acte !"

J'ai réfléchi toute la journée à comment je pourrais m'y prendre, sachant que j'ai une sainte horreur du sang ... Je rentre chez moi, dans ma chambre. Je monte sur ma mezzanine (une vrai mezzanine de 4 mètres de haut). Je m'accroupie. Je regarde dans le vide. Je pense ...

Je ne voulais pas me donner la mort. J'avais envie de vivre. J'avais envie d'avoir mon BAC, mon permis, un mari, des enfants, une maison ... Je voulais juste me faire du mal. Une sorte d'appel à l'aide, mais à moi-même, parce que je ne voulais pas que ma mère le sache et d'ailleurs personne ne l'a jamais su ...


Je décide de m'accrocher à la barrière de la mezzanine. Je suis au-dessus du vide. Je ne peux plus remonter. Si je veux descendre il faut que je lâche. Je lâche, je ne lâche pas ... Le cerveau vidé je fini par lâcher.
Je m'écrase au sol, sur le ventre, je hurle. Ma mère qui est à l'étage d'en dessous arrive en courant suivi de ma petite s½ur. Un moment de panique s'installe quand elles me trouvent sur le ventre, hurlant, pleurant. J'hurle de douleur, la douleur physique du moment mais aussi la douleur que j'ai accumulé depuis ma vie au lycée. Ma mère me demande d'essayer de me relever. Je ne peux pas. "Vas chercher le téléphone !" Ma s½ur revient, essoufflée, le téléphone à la main. J'ai mal partout. Ma mère appel les pompiers. Ils arrivent très vite car la caserne est au bout de la rue. Tous essayent de savoir comment je suis tombée ... "J'ai voulu ... attraper un cahier ... sur la mezzanine ... et je suis tombée ...". Ils m'emmènent à l'hôpital, j'ai le poignet fêlé, j'ai d'horribles douleurs et bleus sur tout le côté droit de mon corps.
En sortant de l'hôpital, je savais que pour moi c'était un nouveau départ et qu'à partir de ce jour tout irait bien.
Depuis ce jour-là, petit à petit, ma vie s'est améliorée. J'ai arrêté de fréquenter la fille qui me servait d'amie. J'ai arrêté de me replier sur moi-même. J'ai commençais à lever la tête, à regarder autour de moi.
Je faisais ma petite vie tranquille sans me préoccuper des jugements de filles qui ne valent rien. Et en regardant autour de moi, j'ai remarqué qu'il y avait une fille, dans la classe, qui faisait l'objet de nombreuses moqueries des "dindes". J'entendais beaucoup de rumeurs sur elle. Elle était seule, on aurait dit mon reflet ... Voyant qu'elle était souvent absente, je me suis dis "Il faut que j'aille la sauver". Je me suis donc, petit à petit, liée d'amitié avec elle. On s'est sauvée mutuellement et grâce à elle j'ai pu terminer le lycée en paix ...

"Le suicide n'est qu'une sortie de secours." André Birabeau
Il y a deux ans, je n'aurais jamais imaginé que j'aurais pu devenir celle que je suis aujourd'hui : presque plus d'acné, des dents droites, avoir des vêtements qui me plaisent, sortir le weekend, avoir des amis, avoir ce blog, se faire draguer, faire des shootings, être à l'aise en publique ... Je suis exactement tout l'inverse de ce que j'étais quand j'étais au fond du gouffre ... Je suis heureuse !
AvatarInspiration, Posté le lundi 18 décembre 2017 18:47
Je me reconnais tellement dans ce que tu dis ! J'étais aussi mal habillée, pas jolie du tout, j'ai été bizzuté mes deux dernières années de collège mais avec les années les choses ont changées, je me suis sentie bien dans ma peau jusqu'à maintenant être fière de qui je suis. D'ailleurs maintenant je ne supporte pas de sortir sans être bien habillée, je suis très centrée sur la mode, sûrement un moyen de me rassurer, je ne sais pas mais je prends soin de moi et j'aime me "faire remarquer" sans pour autant que ce soit auprès de n'importe qui. Et comme toi, je n'ai pas eu de copain et de premier baiser avant au moins 17 ans (c'était à 18ans). En tout cas tu peux être fière de toi, de ton vécu et de ton évolution !